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lundi 8 décembre 2025

ONKAYE (1840) THE PRECURSOR TO THE AC 75 BOATS OF THE AMERICA'S CUP 2021, 2025, AND 2027

 Onkahye, double hull yacht, 1840


The America’s Cup has always amazed spectators with its extravagant craft. The 36th and 37th editions, held in Auckland (2021) and Barcelona (2024), followed suit. The flying monohulls used in these contests all had a second, ultra-slim hull beneath their main one. 


However, the concept of a double underwater hull section was not itself innovative. Eleven years before the famous August 21, 1851, regatta around the Isle of Wight, in which America won, an amazing schooner was launched: Onkahye. Her hull already featured this innovative design! Robert Livingston Stevens designed and commissioned her, along with his two brothers, Edwin and John Cox Stevens, in the autumn of 1839 at William Capes’s shipyard in Williamsburg, New York, facing the Brooklyn Navy Yard. 

Robert Livingston Stevens, 1787-1856, T-Rail inventor, designer of the first fastest American yachts, Onkahye (1840) and Maria (1844).

John Cox Stevens, one of Onkahye’s owners and an instigator of the very first American yacht club, the New York Yacht Club (NYYC), later became the catalyst for the America schooner syndicate… 

 

Onkahye is a stunning creation that left her builder awestruck with her intricate complexity. 


Charles J. Lundgren (1911–1988), oil on hardboard: Onkahye. Courtesy of Kent and Audrey Lewis. Audrey Lewis owns this painting. Her family ancestor, Lieutenant Benjamin F. B. Hunter, served as Master Sailmaker on the USS Onkahyefrom October 1843 to April 1844.


This complexity comes from the alternation of concave and convex lines, the incredibly slender bow, the long, narrow double underwater hull section, the hollow keel to house lead weights, and a centerboard. This unusual hull design captured the attention of many observers.   

 

Commodore Charles Stewart, a veteran of the 1812 War and longtime friend of the Stevens family, knew a lot about shipbuilding. During his visit to the future Onkahye at the shipyard, he immediately expressed his concerns. “It will dismast,” he declared, pointing his cane at a part of the mast above the deck. He continued, “The wood will split right about there,” predicting a potential danger. His prediction came true when the yacht sailed off the New Jersey coast in an east wind, and the crew had to drop the anchors ashore. Both spars broke at the spot the commodore specified. The three brothers, who were aboard that day, were more than stunned.

©François Chevalier 2025. Onkahye lines (1840)

William Capes and his team of carpenters worked hard from the fall onwards. They managed to deliver the boat quickly. When it was launched in January 1840, the imposing yacht sparked glowing articles in local newspapers, as well as some poetry. Its original Indian name, Onkahye (“Dancing Feather”), gave rise to numerous puns. 


Unfortunately, scant details were available regarding the ship itself; no one wrote comprehensive descriptions of it. Despite its innovative hull design and groundbreaking features like the mast throat for reefing the main sail, a first in America. The same feature later appeared on the large sloop Maria, which Robert L. Stevens designed in 1844.

©François Chevalier 2025. Sail plan: Onkahye (1840)

 However, some newspapers reported that the schooner challenged the Exit brigantine, which she easily defeated. The fast pilot craft Jacob Bell, renowned for its speed in New York Bay, suffered a setback in the same period. The Stevens brothers’ yacht then sailed on several cruises from 1842 onwards. Onkahye outperformed all those she met in every way.

 

Since the launch of Onkahye in 1840, no one has revived the astonishing double hull of Robert Livingston Stevens’s schooner for nearly 180 years. 

©François Chevalier 2025 Tahihoro (2024) Emirate Team New Zealand

The flying monohulls that competed in the 36th and 37th America’s Cup (Auckland 2021 and Barcelona 2024) mark a renaissance of this design. 

©François Chevalier 2025 - Sections: Te Aihe (2019), Te Rehutai (2021), Taihoro (2024)

A closer examination of the profiles of New Zealand’s competitors—Te AiheTe Rehutai, and—reveals that they all possess a very thin second hull below their primary one, just like their challengers.

 

Onkahye (1840)

 

Gaff-rigged schooner

Designer: Robert L. Stevens

Builder: William Capes, Williamsburg, N. Y.

Launched: 1840

LOA: 48,15 m

Hull length: 29,26 m

LWL: 27,43 m

Beam: 6,70 m 

Draft 3,30/ 5,35 m

Air draft: 31,70 m

Foresail: 200 m²

Mizzen sail: 213 m²

Staysail: 78 m²

Jib: 68 m²

Downwind sail area: 553 m²

Displacement: 191 t

ONKAYE (1840) L'ANCÊTRE DES AC 75 DE L'AMERICA'S CUP 2021, 2025 ET 2027

 LA DOUBLE CARÈNE DE LA GOÉLETTE ONKAYE (1840)


L’America’s Cup a toujours impressionné par ses voiliers extravagants. Les 36e et 37e éditions, à Auckland (2021) et Barcelone (2024), n’ont pas dérogé à la règle. En effet, les monocoques volants qui y ont concouru possédaient tous une seconde carène, très fine, sous leur coque. 

 

Pourtant, le concept de double carène ne constitue pas en soi une innovation. Onze ans avant la célèbre régate du 21 aout 1851 autour de l’ile de Wight, où America a remporté la victoire, une goélette étonnante était lancée : Onkahye. Or, sa coque présentait déjà cette originalité ! Robert Livingston Stevens l’avait imaginée et fait construire pour son compte et celui de deux de ses frères, Edwin et John Cox Stevens, à l’automne 1839 chez William Capes, à Williamsburg, dans l’État de New York, en face de celui de la Navy de Brooklyn. 

Robert Livingston Stevens, 1787-1856, Inventeur du Rail en T, auteur des premiers yachts américains les plus rapides, Onkahye (1840) et Maria (1844).


Notons que John Cox Stevens, l’un des propriétaires d’Onkahye et l’un des fondateurs du tout premier yacht-club américain, le New York Yacht Club (NYYC), deviendra plus tard l’initiateur du syndicat de la goélette America

 

Onkahye est une création qui ne manque pas de dérouter son constructeur, stupéfait par sa complexité. Son étonnement s’explique par l’alternance de formes concaves et convexes, par l’étrave d’une finesse incroyable, la double coque longue et étroite, par l’ajout de la quille creusée pour recevoir du plomb, et, pour parachever l’ensemble, la présence d’une dérive. Cette étrange carène intrigue également bien des observateurs.


Peinture à l’huile de Charles J. Lundgren (1911-1988) : OnkahyeAvec l’autorisation de Kent et Audrey Lewis. Audrey Lewis en est la propriétaire, son ancêtre, le lieutenant Benjamin F. B. Hunter, fut le maître voilier sur le USS Onkahye d’octobre 1843 à avril 1844.


Le commodore Charles Stewart, vétéran de la guerre de 1812 et ami de la famille Stevens, est une autorité en construction navale. Lorsqu’il visite la future Onkahye au chantier, il n’hésite pas à donner son avis. Il déclare : « Il démâtera », en montrant du bout de sa canne une section du mât située au-dessus du pont. « Le bois va se fendre à peu près là », ajoute-t-il. Cela se confirmera plus tard, au moment où le voilier longe la plage du New Jersey, pendant un fort coup de vent d’est et quand l’équipage est obligé de porter des ancres sur le rivage. Les deux espars se brisent à l’endroit indiqué par le commodore. Les trois frères, qui se trouvent à bord ce jour-là, n’en reviendront pas. 

©François Chevalier 2025 - Lines Onkaye 1840

William Capes et ses charpentiers travaillent dur à partir de l’automne. Le bateau est vite achevé. Dès son lancement en janvier 1840, l’imposant yacht suscite des articles élogieux dans la presse locale, et même des poèmes. Le nom original en langue indienne Onkahye (« Plume dansante ») inspire des jeux de mots. Toutefois, peu d’informations circulent sur le navire lui-même. Aucune description détaillée ne s’y trouve. Pourtant, le bâtiment se distingue par sa carène audacieuse et ses innovations, comme la gorge de mât pour endrailler la grand-voile, une première en Amérique. Ce système sera d’ailleurs repris sur le grand sloop Maria, également conçu par Robert L. Stevens en 1844.

 

On découvre néanmoins dans certaines gazettes que la goélette a lancé un défi au brigantin Exit, qu’elle a battu facilement. Et, dans le même contexte, le bateau pilote Jacob Bell, réputé pour sa vitesse dans la baie de New York, est aussi vaincu. Le voilier des frères Stevens va ensuite mener quelques croisières d’agrément à partir de 1842. Onkahye surpasse tous ceux qu’il croise, sous toutes les allures. 

©François Chevalier 2025 - Sail plan Onkaye 1840

 La Navy l’acquiert en 1843 et la renomme USS Onkahye. Équipée d’un hunier et de deux canons, elle part chasser les pirates et les transports d’esclaves dans les Caraïbes et aux Antilles, où sa redoutable rapidité facilite les arraisonnements. Malheureusement, Onkahye se brise au large de la Floride, sur la barrière de récifs de Turks and Caicos, le 21 juillet 1848. Par bonheur, tous les hommes s’en ressortiront sains et saufs.


Depuis le lancement d’Onkahye en 1840, l’étonnante double coque de la goélette de Robert Livingston Stevens n’avait pas été remise au goût du jour pendant près de 180 ans. 

©François Chevalier 2025 - Sail plan Taihoro 2024 Emirate Team NZ

Les monocoques volants engagés dans les épreuves de la 36e et 37e America’s Cup (Auckland 2021 et Barcelone 2024) témoignent de cette renaissance. 

©François Chevalier 2025 Te Aihe (2019), Te Rehutai (2021) & Taihoro (2024)

Il suffit d’examiner le profil des concurrents néo-zélandais — Te AiheTe Rehutai et Taihoro — pour découvrir qu’ils possédaient tous, comme leurs adversaires, une seconde carène très fine sous leur coque. 

 

Onkahye

 

Goélette aurique

Architecte : Robert L. Stevens

Constructeur : William Capes, Williamsburg, N. Y.

Lancement : 1840

Longueur hors tout : 48,15 m

Longueur de coque : 29,26 m

Longueur de flottaison : 27,43 m

Bau : 6,70 m 

Tirant d’eau : 3,30/ 5,35 m

Tirant d’air : 31,70 m

Voile de misaine : 200 m²

Voile d’artimon : 213 m²

Trinquette : 78 m²

Foc : 68 m²

Surface de voile au portant : 553 m²

Déplacement : 191 t