GERMAINE 1882
Le plus ancien C & N à flot
Par François Chevalier
En octobre 1996, la revue ClassicBoat fête son 100e numéro en élisant les 100 meilleurs bateaux. Ian Dear a retenu dans sa liste un certain yawl à l’état d’épave mais au pédigrée hors du commun : Germaine, un Ben Nicholson de 1882. Il n’en reste qu’une belle photo d’époque de William Kirk et une carcasse abandonnée sur un parking à Gosport.
©François Chevalier - Le plan de voilure de Germaine, conforme à l’origine,
établi d’après les photos de l’époque |
Germaine en croisière au XIX siècle – Collection Patrick Bigand |
En fait, Germaine avait été racheté par le
chantier Camper & Nicholsons pour le restaurer et fêter leur double
centenaire en 1982, le chantier datant de 1782. Entre temps, C & N dépose
le bilan et le voilier est laissé à l’abandon, sans gréement ni lest.
©François Chevalier - Les formes de Germaine sont typiques des couloirs lestés
très en vogue en Angleterre à cette époque |
Héritier d’une fortune considérable, F. W. L.-Popham a
possédé de nombreux voiliers, Germaine étant l’un des plus petit de sa flotte |
Ian Dear n’a pas manqué de mentionner le
téléphone de Mark Bowden qui a racheté les bâtiments de C & N pour sa
future marina. L’affaire est enlevée promptement pour une Livre symbolique et
Patrick confie la restauration à l’école de charpente marine IBTC à Lowestoft.
Puis il me contacte pour assurer l’élaboration de tous les plans et le suivi du
chantier, aucune archives de C & N sur le voilier n’ayant survécu au temps.
©François Chevalier - Membrure en chêne chantourné, quille en pitchpin, bordé
en tecket pitchepin, le poids ne rentre pas en compte dans cette construction |
J’ai donc relevé le plan de la coque dont le pont était
dans les fonds, puis redressé les lignes en fonction des caractéristiques du
voilier, et dessiné les plans de construction, voilure et aménagements. Les
travaux ont duré une éternité, mais avançaient au rythme des sessions des
cours, et refaits par les étudiants suivants lorsque le résultat n’était pas
parfait.
©François Chevalier - Détail de l’écoutille principale |
©François Chevalier - Détail du capot avant |
Finalement, le 28 mai 2013, le yawl touche de nouveau son
élément, en présence d’Eleonore Salter, arrière petite nièce du premier
propriétaire, F. W. Leybourne-Popham, et toute l’équipe du chantier.
Nadia et
Patrick Bigand ont placé une pièce d’argent sous le grand mât ; 453
étudiants auront réussi à faire revivre le navire.
Mise à l’eau le 28 mai 2013 à Lowestoft |
Patrick m’appelle, inquiet que le voilier flotte un peut
haut, je lui fait remarquer que son voilier date de 1882 ; à l’époque une
partie du lest était encore à l’intérieur, et trois tonnes de plomb lui
permettent rapidement de retrouver ses lignes.
L’élégant yawl, après quelques finitions,
quitte les rivages de la Mer du Nord pour Douarnenez qu’il atteint le 15
septembre 2013.
Caractéristiques principales de Germaine
Architecte et constructeur : Ben Nicholson
Mise à l’eau : 21 juin 1882 - (jour de naissance - mais bien évidemment pas l'année !!! - de François Chevalier)
Premier propriétaire : F. W. Leybourne-Popham
Architecte de la restauration : François Chevalier
Chantier : IBTC (International Boatbuilding Training
College), Lowestoft
Longueur au pont : 12,83 m
Longueur de la flottaison : 10,20 m
Largeur au maître bau : 2,90 m
Déplacement : 18 tonnes
Lest : 5 tonnes de plomb sous la quille et 3 tonnes
à l’intérieur
Tirant d’eau : 2, 05 m
Gréement : yawl aurique
Surface de voilure : 135 m2 au près
Tirant d’air avec le mât de flèche : 16,60 m
Motorisation : diesel Vetus 42 cv inboard, avec
transmission hydraulique
Matériaux : Bordé en pitchpin, hauts en teck,
membrures chêne chantourné
Superstructures en teck
Mâts et espars pin d’Oregon