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jeudi 22 août 2024

A REMARKABLE AMERICAN AC75

22 AUGUST 2024: Anniversary (173 years) of the schooner AMERICA’s victory on August 22, 1851, and first race of the Louis Vuitton Cup 2024 with AC75s—Debut of the 37th AMERICA’S CUP 

Today, the first race of the LOUIS VUITTON Cup takes place in Barcelona. A great chance to celebrate the 173rd anniversary of yacht AMERICA’s triumph in the contest around the Isle of Wight in 1851! 

It'is our leading opportunity to present one of the competitors:

PATRIOT
An outstanding American AC75

©François Chevalier

Of the six contenders competing for the America’s Cup in Barcelona, one specifically epitomizes all the progress that has been achieved since the AC75s were created, and that’s the boat from the American Magic challenge, Patriot, the second of its name.

 

A brief flashback brings us aft to 2019, with the first Defiance, which focused on flight. If they’re supposed to fly, they may as well be designed as planes! But it soon became clear that these machines needed to take off, that they would pitch up, skim the water and tend to fall back into the water at any point. The New Zealanders shown the method by devising a canoe hull under the platform, and all the others followed in their wake. The previous Patriot has a median ridge under the forward two thirds of the boat to ease the take-off and cushion the splashdown. 

 

The freeboard limit imposed by the rules led the Design Teams to create a bulge in the midship section of the hull. The British had conceived of digging a central passageway to grow the effect of the mainsail’s flushness with the deck, thus increasing the sail area. The mainsail is only measured above a certain height. Nevertheless, they had extended this passage all the way to the stern, so that the boat looked more like a wagon than a rocket.

 

The second generation was therefore fitted with this famous inset hull, more or less U-shaped or V-shaped. However, they all maintained a fairly wide waterline at rest, for minimum initial lateral stability. A characteristic of the AC75 rule is that the racers are measured when at rest, whereas this posture is unlikely when the yacht is in motion. When the keel is a few centimeters above the water, the ideal flying position is reached. The underside of the hull forms a wing, which at full speed helps to lift the ship. Research on the ground effect dates to the work of the Russian engineer Alekseyev in the 1960s. At 80 km/h or 90 km/h, the ground effect seems significant and reduces the drag of the foils, a speed factor. The volume of the V-shaped hull of our Patriot fully supports the weight of the boat, which remains unstable at rest, limiting the wetted surface area during water landings. 

 

On the 2021 winner, to achieve greater performance, the functions of each part of the AC75 were maximized. The Americans have reworked and refined every portion, focusing on aerodynamics for the upper section and hydrodynamics for the lower section. The deck design is also particularly meticulous, with the smoothest curves in the entire fleet. To center the weights, six of the crew, including the cyclists, are aligned, more on the axis, below in the middle lane. 


©François Chevalier

The jib and mainsheet traveler bars are embedded below deck, and roller blinds at each end close off the cut-out perfectly. The only drawback is that this beautiful layout comes at the price of a large surface area, but in this field, any architectural option has consequences that will be settled by the competition.


©François Chevalier

Patriot, AC75 

 

Designer: American Magic Design Team

Co-ordinator: Scott Ferguson

Launching date: May 7, 2024

LOA: 20,70 m

LWL: 20,70 m

Beam: 5 m

Draft: 5,50 m

Air draft: 28 m

Displacement: 6195 kg

Mainsail: 146m2

Solent: 70 m2

Crew: 8



PATRIOT, UN AC75 AMÉRICAIN REMARQUABLE

22 AOÛT 2024 : jour anniversaire (173 ans) de la victoire de la goélette AMERICA le 22 août 1851 et  première épreuve de la Louis Vuitton Cup 2024 sur des AC75 - Débuts de la 37ème AMERICA'S CUP

 Aujourd'hui première épreuve de la LOUIS VUITTON Cup se déroule à Barcelone. Belle occasion de fêter le 173 anniversaire de la victoire de la goélette AMERICA dans la course autour de l'île de Wight en 1851 !

L'occasion pour nous de vous présenter l'un des concurrents en lice :

PATRIOT 

UN AC75 AMÉRICAIN REMARQUABLE

©François Chevalier

Parmi les six prétendants à la Coupe de l’America, à Barcelone, il en est un qui résume bien tous les progrès réalisés depuis la création des AC75, à savoir le bateau du défi American Magic, Patriot, deuxième du nom.

 

Un petit retour en arrière nous ramène en 2019, avec le premier Defiance qui privilégiait le vol. Puisqu’ils doivent voler, autant dessiner un avion ! Mais rapidement, il a fallu se rendre compte que ces engins devaient décoller, qu’ils se cabraient, effleuraient l’eau, et avaient tendance à y retomber à chaque instant. Les Néo-Zed ont montré l’exemple en concevant une carène de canoë plaquée sous la plateforme, et tous ont suivi. Le précédent Patriot possède une arête médiane sous les deux tiers avant du bateau pour faciliter le décollage et amortir l’amerrissage. 

 

Le franc-bord minimum imposé par la jauge a amené les Design Teams à créer une bosse sur le milieu de la coque. Les Britanniques avaient imaginé de creuser un couloir central pour accroître l’effet de plaque de la grand-voile avec le pont, en augmentant d’autant la surface de toile. En effet, la grand-voile n’est mesurée qu’à partir d’une certaine hauteur. Par contre, ils avaient prolongé ce couloir jusqu’à l’arrière, si bien que le bateau ressemblait plus à un wagon qu’à une fusée.

 

La seconde génération était donc pourvue de cette fameuse coque rapportée, plus ou moins en U ou en V. Cependant tous conservaient une flottaison assez large en pause, pour une stabilité latérale initiale minimum. La jauge des AC75 a ceci de particulier que les racers sont mesurés à l’arrêt, alors que cette posture est improbable dès que le yacht se trouve en mouvement. En fait, la position idéale de l’engin en vol se voit atteinte lorsque sa fausse quille se tient à quelques centimètres au-dessus de l’eau. La sous-face de la coque forme une aile, qui aux allures réalisées, participe à la sustentation du voilier. Les recherches en matière d’effet de sol datent des travaux de l’ingénieur russe Alekseïev, dans les années 1960. A 80 ou 90 km/h, l’effet de sol, à 80 ou 90 km/h, ne paraît pas négligeable et entraîne une réduction de traînée des foils, facteur de vitesse. Le volume de la carène en V, sur notre Patriot, supporte totalement le poids du bateau, qui reste instable à l’arrêt, ce qui limite la surface mouillée lors des amerrissages. 


Sur le vainqueur de 2021, afin d’obtenir plus de performances, les fonctions de chaque portion de l’AC75 étaient à l’évidence maximisées. Les Américains ont repris chacune des parties en les peaufinant, mettant l’accent sur l’aérodynamisme, pour la fraction supérieure, et l’hydrodynamisme pour la partie inférieure. Aussi, le dessin du pont est particulièrement soigné, avec les courbes les plus douces de toute la flotte. Pour centrer les poids, six des équipiers, dont les cyclistes, sont alignés, plus dans l’axe, en contrebas dans le couloir du milieu. 

©François Chevalier


Les barres d’écoute de foc et de grand-voile sont encastrées sous le pont, et des rideaux sur enrouleur, à chaque extrémité, obturent parfaitement le découpage. Seule ombre au tableau, ce bel ensemble se paye par une surface développée importante mais dans ce domaine, toute option architecturale entraîne des conséquences qui seront tranchées par la compétition.


©François Chevalier


Patriot, AC75 

 

Architecte : American Magic Design Team

Coordinateur : Scott Ferguson

Mise à l’eau : 7 mai 2024

Longueur : 20,70 m

Longueur à la flottaison : 20,70 m

Bau : 5 m


Tirant d’eau : 5,50 m


Tirant d’air : 28 m


Déplacement : 6,195 kg

Grand-voile : 146 m2

Solent : 70 m2

Équipiers : 8






dimanche 24 décembre 2023

SYDNEY HOBART 2023-2024

 LES QUATRE 100 PIEDS À HOBART 
OU
LA BATAILLE DES GEANTS !

1/ ANDOO COMMANCHE, (ex-Commanche)


Andoo Comanche, un plan Verdier/VPLP, en est à sa quatrième victoire, avec trois propriétaires différents. En 2015, Jim et Kristy Clark étaient arrivés les premiers à Hobart. Puis Jim Cooney et Samantha Grant l’ont emporté en 2017, établissant un temps de référence qui tient toujours (1 jour, 9 heures, 15 minutes et 24 secondes). Deux ans après, Cooney et Grant ont également terminé à la première place en temps réel. L’année dernière, John “Hermann“ Winning Jr l’a remporté une nouvelle fois. Depuis, la garde-robe a été renouvelée, et John a multiplié les succès. Il part cette année encore avec une longueur d’avance sur ses concurrents.


Maxi 100’
Sloop
Architectes : VPLP et Guillaume Verdier.
Constructeur : Hodgdon Yachts, Boothbay, Maine, USA
Baptême : 27 septembre 2014
Longueur : 30,48 m
Longueur hors tout : 30,48 m
Longueur à la flottaison : 30,25 m
Largeur : 7,85 m
Tirant d’eau : 6,67 m
Tirant d'air : 45,75 m
Bout-dehors : 3,70 m
Déplacement : 29,5 t
Surface de la GV : 410 m2
Voilure au près : 760 m2
Voilure au portant max : 1 400 m2
Rating : 20,45/20,52


2/ LAWCONNECT (ex-Infotrack, Perpetual Loyal, ex-Rambler 100, ex-Speedboat)


A sa mise à l’eau en 2008, LawConnect semblait vraiment extrême, alors que, comparé à Comanche, il est moins large, un peu plus lourd et un peu moins voilé. La moitié du poids du voilier se trouve dans le lest qui bascule à l’extérieur de la coque au vent. Si le vent vient à monter, 8 mètres cube de ballast d’eau de mer viennent calmer le jeu, ce qui lui donne un moment de redressement qui n’était pas comparable à ses anciens concurrents. Sa faculté de partir au planning aux allures portantes lui confère une vitesse de pointe exceptionnelle. Premier sur la ligne en 2016 en établissant un nouveau record, il est le brillant second de l’année passée.
Maxi 100 pieds
Sloop
Architecte : Juan Kouyoumdjian
Chantier : Cookson Boat, Auckland (N-Z)
Mise à l'eau : 17 avril 2008
Longueur : 30,46 m
Flottaison : 29,99 m
Bau : 7,35 m
Tirant d'eau : 6,22 m
Tirant d'air : 47 m
Bout-dehors : 5 m
Déplacement : 30,6 t
Ballast : 8 t
Surface de la GV : 375 m2
Voilure au près : 660 m2
Voilure au portant max : 1 340 m2
Rating : 1,972



3/ SHK SCALLYWAG (ex-Maximus, Investec Loyal, Ragamuffin Loyal, Ragamuffin 100)


Le Maxi de Seng Huang Lee, SHK Scallywag, skippé par David Witt, peu créé la surprise. La chasse au poids a été l’objectif de sa dernière mise en chantier, avec 500 kilos gagnés sur le mât et l’accastillage revu entièrement, pour améliorer ses performances par petit temps. Sous le nom de Investec Loyal, il est arrivé en tête devant Wild Oats XI en 2011.

Maxi 100’
Sloop
Architecte : Andrew Dovell
Constructeur : Cookson Boat, Auckland (N-Z)
Baptême : Février 2005 
Longueur : 30,48 m (ex 98’ Greg Elliot & Clay Oliver design)
Longueur à la flottaison : 30,48 m
Largeur : 5,80 m
Tirant d’eau : 5,60 m
Tirant d'air : 45,10 m
Bout-dehors : 4,40 m
Déplacement : 30 t
Surface de la GV : 395 m2
Voilure au près : 630 m2
Voilure au portant max : 1 400 m2
Rating : 1,98



4/ WILD THING 100 (ex-Stefan Hair, Cabron, Beau Geste)
Le Maxi Wild Thing 100 sort tout juste de chantier à Brisbane. En effet, l’Australien Grant Wharington (29 participations) vient d’allonger son Botin 80 de 2013, Stefan Hair, ex-Beau Geste, de 20 pieds. Il a ajouté 2 mètres à l’arrière et 4 mètres sur l’avant, en conservant l’étrave et en lissant le bordé sur plus de 8 mètres. Le mât de 33 mètres est conservé, mais la bôme a été coupée en son milieu et allongée de 4,40 mètres. Le plan de pont est rectangulaire, de l’arrière jusqu’aux dérives. Grand avait fini quatrième en 2021 sur Stefan Hair, et l’ancien propriétaire Karl Kwok était arrivé cinquième en 2017 sur Beau Geste. Wild Thing 100 vient d’arriver à Sydney, Grant Wharington compte sur son ultra léger, 10 tonnes de moins que ses concurrents, pour réitérer sa victoire sur la ligne d’il y a vingt ans.


Maxi 100’
Sloop
Ex Botin 80
Architecte : Botin & Partners
Constructeur : Cookson Boat, Auckland (N-Z)
Baptême : 2013
Longueur : 30,48 m
Longueur à la flottaison : 30,48 m
Largeur : 6,10 m
Tirant d’eau : 5,70 m
Tirant d'air : 44 m
Bout-dehors : 3,65 m
Déplacement : 20 t
Surface de la GV : 340 m2
Voilure au près : 540 m2
Voilure au portant max : 900 m2
Rating : 1,879








jeudi 6 avril 2023

The History of Foiling 1861-2023

 The History of Foiling 1861-2023

What else?




lundi 13 mars 2023

Evolution of the Whitbread yachts' hull design, from 1974 to the Ocean Race 2023 - PART THREE

 PART THREE
FROM VOLVO 65 to IMOCA, 2014-2023

Since I first started redesigning the hulls of the Volvo yachts, I have observed that the evolution of the shapes has always evolved between two editions. With the implementation of a one design for the 2014-15 Volvo Ocean Race, we could expect real improvements, given the diversity and quality of the ideas of the three previous Volvo designers, and especially given the progress of development on the Mini-Transat and IMOCA boats. The choice of the Volvo 65 one-design designer, Bruce Farr, in the wake of Groupama 4’s victory, has not failed to surprise. Indeed, for 2011-12, the Farr yacht design firm only designed Abu Dhabi, which came fifth, behind three yachts from the Juan Kouyoumdjian office, which had already taken first place in the two editions of 2005-06 and 2008-09.  

HOLCIM

As early as December 2014, I had drawn the lines of this new Volvo in an attempt to grasp what this yacht had in store. The first thing that struck me was the size of her bulb, only 3.5 tons, close to the weight of those of the IMOCA 60s, while the VO 70s were tending towards double. The 20 centimeters of extra draft aren’t insignificant, but they don’t compensate for the stiffness of a 7-ton keel. IMOCA racing yachts are very light boats designed for offshore racing, they have 5000 liters of ballast for the breeze and a small bulb for the light air. The second surprise came when I searched for what the firm had learned from their previous design, Abu Dhabi. The design of this boat was quite radical, with a very curved bow, a wide waterline and a low bilge. The 65 retains vertical sides and a maximum forward beam, but has a very open V-shape from the middle of the hull. 


Since her shapes are typical of TP 52s, I checked out the sections of Marcelino Botin’s boat, Camper, which finished second in 2012. Marcelino is well known for his accomplishments in this class, and the capacity of his craft to plane close-hauled in medium winds is remarkable. With a maximum beam very far aft, when heeled, the boat is on a virtually flat bottom for half its length, leaning on her bilge, she planes wonderfully. 

The Volvo Ocean 65

By superimposing the sections of the Camper and the 65, I was surprised by the similarity of the shapes, certainly softer on the 65, with a bilge closer to the waterline, which makes the V even more open. However, this aperture doesn’t give her stiffness comparable to the one Groupama 4 had. Juan Kouyoumdjian’s hull had a natural stiffness, thanks to her full shape under the bilge, moving the center of buoyancy away from the heel. For her ability to start on the planning, she relied on her extremely stretched lines on the eight tenths of her length.

According to her specifications, the VO 65 lacks a little stiffness and sail area, which is not very good for performance. She will heel quick, and may well find a favorable wind angle, but if the wind increases, s
he may not be as fast as a 60', but she may be better suited to upwind sailing, and in any case, with a speed that may not be greater than that of her predecessors. 


The race, which was becoming more and more difficult both in terms of the course and the scoring, with regattas in-port, is followed in France thanks to a stopover in Lorient and in Charles Caudrelier’s presence, skipper of the Chinese boat Dongfeng, which placed third behind Abu Dhabi Ocean Racing skippered by Ian Walker and Team Brunel.

In the thirteenth edition of the round-the-world race, the 2017-18 Volvo Ocean Race, the Volvo Ocean 65s are undergoing a refit and seven competitors are lining up at the start of Alicante. Dongfeng Race Team wins, with a Franco-Chinese crew skippered by Charles Caudrelier, and composed of Pascal Bidégorry, Franck Cammas, Jérémie Beyou, Justine Mettraux, Marie Riou and Kevin Escoffier. 


Dongfeng Race Team 

Five IMOCA teams are ready to race around the world in The Ocean Race 2023. 

Guillaume Verdier’s latest design, Holcim-PRB, is typical of the latest trends in IMOCA boats, with marked indentations at three levels, the bottom, the main bilge and another, higher one. A bow that rebounds, with a waterline that begins at a tenth of the length of the boat, and ends with a bottom parallel to the waterline on the back tenth. A center of gravity far aft, a mainsail setback on the rear limit of the hull. A generous foil that allows you to stay in the air on all points of sail. We are very far from the shape of the VO 65, which dates from another era.

Holcim lines

Holcim-PRB
Biotherm
11th Heure
Malizia III 

Guyot Environnement

There are also six VO65 yachts racing The Ocean Race VO65 Sprint participating in three of the legs in Europe.







Évolution des formes des carènes des voiliers de la Whitbread, de 1974 à l’Ocean Race 2023

 Troisième partie
Du Volvo 65 aux IMOCA, 2014-2023

Depuis que je redessine les carènes des voiliers de la Volvo, je constate que l’évolution des formes a toujours évolué entre deux éditions. Avec l’imposition d’un monotype pour la 2014-15 Volvo Ocean Race, on pouvait espérer un véritable progrès, au vu de la diversité et de la qualité des idées des trois architectes de la Volvo précédente, et surtout de l’avancé des recherches sur les Mini-Transat ou les IMOCA. 


HOLCIM


Le choix de l’architecte du monotype Volvo 65, Bruce Farr, au lendemain de la victoire de Groupama 4 n’a pas manqué de surprendre. En effet, pour 2011-12, le cabinet Farr yacht Design n’a conçu que Abu Dhabi, arrivé cinquième, derrière trois voiliers du cabinet Juan Kouyoumdjian, qui s’était déjà octroyé les premières places dans les deux éditions de 2005-06 et de 2008-09.  


Dès le mois de décembre 2014, j’avais tracé les lignes de ce nouveau Volvo afin de comprendre ce que ce bateau avait dans le ventre. La première chose qui m’a frappé, c’est la taille de son bulbe, seulement 3,5 tonnes, proche du poids de ceux des IMOCA 60, alors que les VO 70 tendaient vers le double. Les 20 centimètres de tirant d’eau supérieurs ne sont pas négligeables, mais ne compensent pas la raideur que confère une quille de 7 tonnes. Les IMOCA sont des voiliers très légers conçus pour les courses au large, ils ont 5000 litres de ballast pour la brise et un petit bulbe pour le petit temps. La seconde surprise est venue lorsque j’ai cherché ce que le cabinet avait retenu de leur précédente création, Abu Dhabi. Le parti de ce voilier était assez radical, avec une étrave très ronde, une flottaison large et un bouchain assez bas. 


VOLVO 65


Le 65 conserve des flancs verticaux et un bau maximum avancé, mais présente des formes en V très ouvertes à partir du milieu de la coque. Comme ses formes sont typiques des TP 52, j’ai regardé les sections du voilier de Marcelino Botin, Camper, arrivé second en 2012. Marcelino est connu pour ses exploits dans cette classe, et la capacité de ses voiliers à planer au près par vent moyen est remarquable. Avec un bau maximum très reculé, à la gîte, le bateau se trouve sur un fond pratiquement plat sur la moitié de sa longueur, appuyé sur son bouchain, il plane merveilleusement. En superposant les sections de Camper et du 65, j’ai été surpris de la similitude des formes, certes plus douces sur le 65, avec un bouchain plus près de la flottaison, ce qui ouvre encore plus le V. Cependant cette ouverture ne lui confère pas une raideur comparable à celle que possédait Groupama 4. La carène de Juan Kouyoumdjian avait une raideur naturelle, grâce à ses formes pleines sous le bouchain, éloignant le centre de flottaison à la gîte. Pour sa faculté à partir au planning, il comptait sur ses lignes extrêmement tendues sur les huit dixièmes de sa longueur.


D’après ses caractéristiques, le VO 65 manque d’un peu de raideur et de voilure, ce qui n’est pas très bon, pour les performances. Il va gîter rapidement, et trouvera peut-être une allure qui lui sera favorable, mais si le vent monte, il risque de se trouver moins rapide qu’un 60’, mais plus apte à faire du près, en tous les cas, avec une vitesse qui risque de ne pas être supérieure à celle de ses aînés. 

 

La course, qui devenait de plus en plus compliquée tant sur le parcours que le décompte des résultats, avec des régates in-port, est suivi en France grâce à une étape à Lorient et la présence de Charles Caudrelier skipper du bateau chinois Dongfeng qui se place troisième derrière Abu Dhabi Ocean Racing mené par Ian Walker et Team Brunel.


Dongfeng Race Team


Dans la treizième édition de course autour du monde, la 2017-18 Volvo Ocean Race, les Volvo Ocean 65 subissent un refit et sept concurrents s’alignent au départ d’Alicante. Dongfeng Race Team l’emporte, avec un équipage franco-chinois skippé par Charles Caudrelier, et composé entre autres de Pascal Bidégorry, Franck Cammas, Jérémie Beyou, Justine Mettraux, Marie Riou et Kevin Escoffier. 


Cinq équipes IMOCA sont prêtes à courir autour du monde dans The Ocean Race 2023. 

 

Le dernier plan de Guillaume Verdier, Holcim-PRB, est bien caractéristique des dernières tendances des IMOCA, avec des redans marqués à trois niveaux, les fonds, le bouchain principal et un autre, plus haut. Une étrave qui rebique, avec une ligne de flottaison qui commence au dixième de la longueur du voilier, et se termine par un fond parallèle à la ligne d’eau sur le dixième arrière. Un centre de gravité très en arrière, une grand-voile reculée sur la limite arrière du bateau. Un foil généreux qui permet de rester en l’air sur toutes les allures. On est très loin de la forme des VO 65 qui datent d’une autre époque.


Holcim lines

Holcim-PRB 

Biotherm 

11th Heure 

Malizia III 

Guyot Environnement


Il y a également six voiliers VO65 qui courent The Ocean Race VO65 Sprint en participant à trois des étapes en Europe.




lundi 13 février 2023

Évolution des formes des carènes des voiliers de la Whitbread, de 1974 à l’Ocean Race 2023 - DEUXIÈME PARTIE

 1 - Des Maxi des années 1970 aux premiers W60

2 – Des Volvo 60 aux Volvo 70


3 – du Volvo 65 aux IMOCA


DEUXIÈME PARTIE : 

Des Volvo 60 au Volvo 70

EF Language Sail plan © F Chevalier

Pour l’édition 1997-98, la Whitbread Round The World Race se dispute avec les W60, et le score se décompte en points, au lieu de temps additionné au long des étapes, qui sont au nombre de neuf. Dix concurrents quittent Southampton pour ce tour du monde dont la dernière étape passe par La Rochelle. Bruce Farr signe 8 des 10 plans, et s’octroie les sept premières places, et la neuvième, avec l’équipage féminin mené par Christine Guillou. Paul Cayard, célèbre régatier, remporte la victoire sur EF Language devant un chiffre impressionnant de figures de la course, comme Dennis Conner, Chris Dickson, Laurie Smith, Grant Dalton, Ross Field ou John Kostecki. Les plans Farr sont tous très proches, avec des formes encore assez rondes par rapport aux précédents Maxi.



EF Language Perspective © F Chevalier


Déjà sponsorisé par Volvo en 1997-98, la Whitbread suivante change de nom et devient la 2001-02 Volvo Ocean Race. 


La nouvelle jauge qui définit les VO 60 autorise le gréement carbone, ce qui va booster ces voiliers et modifier profondément leur comportement. Sur les huit candidats à la victoire, six plans conçus par Farr Design prennent le départ. L’équipe du Nautor Challenge a fait construire deux bateaux, dont un signé Bruce Farr, Amer Sport Two, l’autre, Amer Sport One, étant de la main de German Frers, Jr., « Mani Frers ». Le skipper Grant Dalton a réservé son choix jusqu’au dernier moment, laissant le yacht de Farr à l’équipage féminin de Lisa McDonald. Enfin, le huitième est le Norvégien Djuice Dragons, imaginé par Laurie Davidson.


Ce qui frappe en regardant les trois dessins, c’est d’une part l’étroitesse de la flottaison des voiliers, et d’autre part, le creux assez prononcé des carènes. Les trois concepteurs ont en effet créé des coques minces, munies de ballasts le plus à l’extérieur possible, avec un petit bouchain arrondi, jauge oblige, au niveau du maître-bau.


Illbruck Challenge lines © F Chevalier

Pour Farr, un bateau doit être une « luge » coupée conformément aux exigences de la jauge. La coque semble sculptée à la serpe : l’avant est taillé en pointe selon un plan incliné suivant un tracé de pont rectiligne de l’étrave jusqu’au mât. Suit une seconde coupe verticale sur 50 cm et parallèle sur chaque bord. Celle-ci se prolonge loin sur l’arrière. Enfin, l’ultime taille intervient sur les flancs, à 45° vers le bas de la quille au point de mesure de la chaîne. Elle se poursuit sans artifice jusqu’au tableau arrière. 


Djuice Dragons lines © F Chevalier

Laurie Davidson a privilégié la sécurité et créé une forte réserve de flottaison sur l’avant, pénalisée par une grande surface développée. Le voile de quille de Djuice semble important par rapport aux autres.


Mani Frers' Amers Sport One lines © F Chevalier


Le dessin de Mani Frers montre une plus grande raideur, avec des flancs moins évasés que ceux de ses concurrents, et une étrave plus rasante. Son voile de quille, légèrement en avant du mât, favorise les allures de près, mais rend le racer plus volage aux allures portantes. Son plan de voilure et très reculé, avec un mât proche du milieu.


Les bateaux de Farr remportent les deux premières places, Illbruck Challenge devant Assa Abloy, le tracé de Mani Frers est sur l’ultime marche du podium. Celui de Laurie Davidson se contente de la sixième position, avec une victoire dans la dernière étape.


Illbruck Challenge © F Chevalier


Pour la 2005-06 Volvo Ocean Race, une nouvelle classe de voilier est introduite, le Volvo Open 70. Plus longs, relativement plus légers, plus toilés, avec des quilles basculantes et deux safrans possibles, ils héritent des progrès de l’America’s Cup comme ceux des TP52 ou des Open 60. 


Juan Kouyoumdjian est le grand gagnant de l’épreuve, son ABN Amro One remporte 16 des 22 manches de cette course et son ABN Amro Two, skippé par Sébastien Josse, se place en quatrième position, établissant un nouveau record de vitesse sur les 24 heures. Les quatre VO 70 de Bruce Farr, Pirates of Caribbean, barré par Paul Cayard, BrasilEricsson et Movistar s’intercalent, et le voilier australien conçu par Don Jones, Brunel-Sunergy, termine dernier.


ABN Amor One's lines © F Chevalier


Les plans de Juan exploitent au maximum la jauge, plus large, donc plus raide, étrave inversée et rasante, quille basculante, pivotant à l’intérieur de la coque, ce qui augmente encore la raideur au près, carène fuyante sur la moitié arrière, dérive profonde, quille allongée avec une section réduite. Plus puissantes et plus planantes, ces coques s’imposent et vont marquer les carènes à venir. 


Movistar's  lines © F Chevalier


Bruce Farr a cherché la finesse et l’équilibre, avec un safran dans l’axe du voilier. Movistar perd sa quille, l’équipage est repêché par ABN Amro Two.


Brunel-Sunergy's lines  ©F Chevalier


Quant à Don Jones, mal servi par un budget réduit, il avait créé un voilier plus conventionnel, plus rond et large, des formes avant pleines, avec une dérive unique en avant d’un mât très avancé et un cockpit très reculé.


ABN Amro One Sail plan © F Chevalier


La dixième édition de cette course autour du monde, la 2008-09 Volvo Ocean Race devient de plus en plus difficile à suivre pour le public. Elle part d’Espagne, passe par Le Cap, gagne Singapour, puis la Chine à Qingdao, traverse l’océan Pacifique du Nord au Sud, rejoint Rio et Boston, l’Irlande, Göteborg, Stockholm, et se termine à Saint-Pétersbourg en Russie ! On est très loin de la Whitbread en quatre étapes.

 

Sur les dix voiliers, Juan Kouyoumdjian en conçoit trois, Bruce Farr deux, le cabinet Botin Carkeek un, Reichel/Pugh un, et Roy Humphreys le dernier.

 

Ericsson 4, un plan JK, avec Torben Grael à la barre, domine la meute, suivi par Puma de Botin, mené par Ken Read, Telefonica Blue de Farr se place troisième. 

 

Je n’ai pas eu l’occasion de finaliser les tracés que j’avais préparés pour l’édition de 2008-2009, aucun magazine n’ayant donné suite à ma proposition de publier les plans des cinq cabinets d’architecte.


Ericsson 4 sail plan © F Chevalier


Pour 2011-2012, sur les trois architectes en lice, Juan K en imagine la moitié, le Français Groupama 4 barré par Franck Cammas, l’Américain Puma skippé par Ken Read, et l’Espagnol Telefonica, mené par Iker Martinez. Farr Yacht Design en a dessiné un, Abu Dhabi ; le Chinois Sanya est l’ex- Telefonica Blue, un plan Farr, skippé par le vainqueur de 2006, Mike Sanderson. Enfin, Marcelino Botin, remarquable pour ses TP52, est l’auteur des plans de Camper pour ETNZ.


Camper lines © F Chevalier

De façon la plus surprenante pour cette « Box Rule », les plans des trois architectes s’avèrent totalement différents. Marcelino Botin a créé un véritable super TP52, fin, tendu à l’extrême, avec un centre de gravité très avancé, un bau reculé au trois-quarts de sa longueur et un tableau arrière rasant, des dérives immenses en arrière du mât, lui-même centré sur le milieu du voilier.



Abu Dhabi lines (Farr Yacht Design) © F Chevalier


Le plan de Farr rompt avec toutes les tendances. Considérant que ces racers planent à partir de la moindre brise, et stoppent brutalement dans les vagues trop abruptes, la coque doit se mettre au planning le plus vite possible, et basculer au près sans trop pivoter sur l’avant, afin d’augmenter la raideur. Résultat, une étrave monumentale, ronde et pleine, rasante, des flancs verticaux, un bau maximum autorisé dès la moitié du voilier, une ligne de flottaison large et centrée, des formes tendues, mais douces, des dérives fines et élaborées, pratiquement verticales et proches de l’axe. Le pont est bombé vers l’étrave, sans marquage de roof.


Groupama 4 lines (by JK) ©F Chevalier


Juan K a développé ses plans précédents en optimisant tous les avantages déjà acquis lors de la dernière édition remportée par le Suédois Ericsson. Des formes avant très élaborées, bien visibles sur les sections avant, sous un bouchain qui se poursuit jusqu’à la proue ; des fonds plats dès l’étrave, garantissant un départ au planning et écartant l’axe du voilier à la gîte pour une plus grande raideur ; des fonds arrière épousant la forme de la vague, afin de favoriser le prolongement du sillage et d’allonger la vague définissant la vitesse limite. Toutes ces caractéristiques ont démontré leurs avantages sur les autres concurrents.

 

Groupama 4 emporte le trophée Volvo sur le dessin Botin Camper, suivi par les deux nouveaux plans JK, Puma et Telefonica, les deux Farr terminant bons derniers.


Groupama 4 Sail plan ©F Chevalier




Puma Sail plan ©F Chevalier

Les six sections des deux V60 et des quatre V70 montrent bien l’évolution des formes des voiliers de cette période de la Whitbread. Entre le premier, le Laurie Davidson et le Mani Frers de 2001, la flottaison s’élargit. 


Du premier V70 en haut à droite de Don Jones de 2006 jusqu’au Botin de 2011, le bouchain se précise et les formes se radicalisent.


 2 sections de VO 60 et quatre de VO 70, entre 2001 et 2011 ©F Chevalier