Quatre architectes pour huit nouveaux
voiliers
Huit nouveaux IMOCA, quatre architectes, des silhouettes qui se ressemblent, mais pour les sections, rien à voir !
Comment se fait-il que quatre concepteurs de talent aient réalisé des voiliers si dissemblables ? Cela rappelle les quatre premiers monocoques de l’America’s Cup, si différents, malgré une jauge qui semblait restreinte.
La dernière édition de 2016 avait prouvé que les foils étaient l’avenir. Pour les créateurs, les options pures foil, et coques allégées par les foils, ont amené les maîtres d’œuvre à prendre des partis opposés.
En écoutant le discours de chacun, la démarche de leur réflexion les mène à des conclusions originales. Ce qui est sur, c’est que le vainqueur aura raison, et fera école, à moins que la jauge évolue vers plus de vol stationnaire.
Il est encore un peu tôt pour savoir lequel des quatre nouveaux Imoca présentés ici est le plus véloce, Hugo Boss, Apivia, Corum ou L’Occitane en Provence. Le premier à voler vraiment, Charal, nous a fait une belle démonstration. Oui, il vole ! Et c’est bien parti pour qu’ils en fassent tous de même.
Les huit derniers IMOCA
Sam Manuard, L’Occitane en Provence
©François Chevalier 2020 |
L’Occitane Armel Tripon
©François Chevalier 2020 |
Pour un premier IMOCA, on ne pouvait imaginer une telle révolution. Pourtant, Sam Manuard n’est pas du genre à vouloir faire un esclandre. Autodidacte, il aime son métier, et apprécie tout autant la conception, la construction que la navigation. Ses années Mini l’ont entraîné à la création dans une jauge très libre, et le milieu de la Class40 l’a conforté. Quatorze ans que Sam se fait plaisir. Le passage à l’IMOCA est le résultat de ses succès. Sam ne s’est pas démonté, il a visionné pendant des heures des vidéos d’IMOCA dans la mer formée, jusqu’à découvrir la forme qui pourrait passer sans tant de chocs et d’embruns. La recherche de vitesse pure n’est pas le but, si le voilier se plante régulièrement dans la vague. Résultat, un cigare, qui compte sur ses foils pour la raideur…
Juan Kouyoumdjian, Corum L’Epargne
©François Chevalier 2020 |
Corum Nicolas Troussel
©François Chevalier 2020 |
Corum 2020 Lines
Juan K adore trouver le trou de la jauge, cela le rend heureux ! Mais cette jauge est finalement assez tordue… Concoctée par les coureurs et les architectes qui gagnent, elle n’a pas arrêté d’évoluer, pour éviter les excès et garantir un minimum de sécurité, tout en se souciant à limiter les coûts. Le voile de quille et le mât sont maintenant standard, et les épreuves de retournement, avec les mesures de moment de redressement aux petits angles, obligent les concepteurs à modérer leurs envies. Juan a cherché, tortillé les calculs, tenté l’impossible. Finalement, il a dessiné des formes peu probables pour assurer son amour de puissance. En créant un volume important sur les flancs, il détourne le problème et réussit à faire léger et raide, les foils feront le reste…
Autre réalisation : Arkea Paprec
©François Chevalier 2020 |
Arkea Paprec Sébastien Simon
VPLP, Hugo Boss
Hugo Boss Alex Thomson
©François Chevalier 2020 |
Hugo Boss Lines
Chez VPLP, Marc s’occupe des affaires courantes, série de croisière et projets d’avenir, les cargos à voile et autres navires du futur. Vincent, lui, se colle à la course. Il est parti à Vannes il y a bien longtemps pour profiter du bord de mer, le Bassin de l’Arsenal ne l’inspirait pas. Mais la course l’a rattrapé, et il faut sans cesse gagner ! Hugo Boss est le seul plan quelque peu caricaturé, pour mieux illustrer les différences, en réalité, il est légèrement plus arrondi, Vincent le remarque, mais admet que c’est le parti architectural. L’ouverture latérale des fonds est faite pour glisser, pour éviter de taper. Du coup, la flottaison est étroite, peu de surface mouillée dans le petit temps, peu probable, dans un tour du monde. Il faut dire que le client connaît la route, et marchera pour vaincre…
Autres réalisations : Charal & DMG MORI
©François Chevalier 2020 |
Charal Jérémie Beyou
©François Chevalier 2020 |
DMG MORI Kojiro Shiraishi
Guillaume Verdier, Apivia
©François Chevalier 2020 |
Apivia Charles Dalin
©François Chevalier 2020 |
Apivia Lines
Pas facile de joindre Guillaume, toujours à l’autre bout du monde, et en vacances, en plus. Il en avait bien besoin… Inventeur de l’AC75 et de son concept, un monocoque à foils, sans quille, dont le lest est dans les foils, il bosse pour la défense de la Coupe. D’habitude, pour les IMOCA, il donnait son avis chez VPLP, et l’équipe gagnait tout ce qu’elle voulait. Pour Apivia, Guillaume est parti d’une feuille blanche. Avec son ami Benjamin Muyl, ils ont fait le tour des contraintes, connues et mesurées par les fibres optiques, et se sont basés sur la résistance du mât pour évaluer les limites de moment de redressement du voilier, en cherchant à diminuer le lest et le poids du bateau. Démarche originale, mais logique, où la carène doit être parfaite à des petits angles de gîte, en effleurant les vagues…
Autre réalisation : LinkedOut
©François Chevalier 2020 |
LinkedOut Thomas Ruyant