AC72 : LES QUATRE AILES
On aurait pu penser que les équipes d’aérodynamiciens au service des trois organisations pour la conquête de la Coupe de l’America, Oracle Team USA le defender, Emirates Team New Zealand (ETNZ) et Artemis Racing, les challengers, sortiraient des projets d’aile rigide assez semblables. Or, il n’en est rien ! Au contraire, il semble que les choix soient très éloignés les uns des autres. Comme quoi, la personnalité et le parcours des scientifiques les amènent à des solutions toutes personnelles…
L’aile
rigide d’Oracle est un modèle dans le genre : simplicité, formes douces, bec
de bord de fuite orientable à l’arrière du volet de bord d’attaque dont le
profil est épais, grande souplesse des quatre éléments du volet de bord de
fuite dont le profil est fin. La puissance ne manque pas, au point que l’équipe
a peiné pour gérer le couple de rappel et les départs intempestifs dans les
surventes.
Celle
d’ETNZ est réduite à la plus simple expression : un bord d’attaque
rectiligne, deux volets souples, celui de bord d’attaque est plus épais que
celui de bord de fuite qui est divisé en quatre panneaux, un centre de poussée et
de gravité plus bas que sur Oracle et Artemis, une légère surface supplémentaire,
sur le volet inférieur. Le tout assure une puissance qui a bien été gérée dès
les premières sorties, avec une assiette horizontale stable du catamaran sur un
foil.
La première aile d'Artemis était très élaborée : elle est tout en courbes et divisée en trois
volets. Le premier volet de bord d’attaque est très important et présente un
profil lenticulaire. Le second et le troisième volet, aux profils fins, sont
divisés en six panneaux, et rappellent les flaps des ailes des longs courriers.
La seconde aile suédoise vise la simplicité : composée de deux volets, elle conserve des courbes en bord d'attaque et de fuite. Le premier volet a un bord d'attaque épais ; le second est très fin et peut se décaler par rapport au premier. Il est divisé en six panneaux indépendants réglables.
Sur
le plan de la construction, on observe la même différence. La trame de la
structure de l’aile sur Oracle est de 0,64 mètres (2’-1“), de 0,78 mètres
(2’-6“) sur ETNZ, 1,05 mètres (3’-6“) sur Artemis I et 1,20 m sur Artemis II.
Il
en résulte de cette analyse que les puissances de ces trois ailes ne sont
certainement pas les mêmes et que les courbes suivant l’allure de navigation
présentent des caractéristiques bien particulières pour chacune d’elles.